Prime d’activité : ce que vous perdez avec une augmentation de salaire

CAPITAL   27/05/2023 08:30

Comment donner un coup de pouce aux classes moyennes ? C’est à cette question que réfléchit depuis plusieurs semaines déjà le gouvernement d’Elisabeth Borne. Le 16 mai, dans une interview à TF1, Emmanuel Macron a indiqué qu’il souhaitait baisser les impôts pour les ménages qui gagnent entre 1.500 et 2.500 euros net par mois. Et pour cela, le Président envisage de débloquer une enveloppe de deux milliards d’euros. Néanmoins, les modalités techniques de ces baisses d’impôt ne sont pas encore arbitrées.

Plutôt que de s’attaquer à nouveau au barème de l’impôt sur le revenu, l’une des pistes envisagées privilégierait une revalorisation de la prime d’activité. Mise en place par la loi du 17 août 2015, cette prestation sociale a été popularisée par le Président Macron en janvier 2019, au sortir de la crise des Gilets Jaunes. Elle constitue un complément aux revenus professionnels et encourage l’activité des ménages. Pour la percevoir, plusieurs critères entrent en jeu : résider en France, être âgé d’au moins 18 ans et avoir une activité salariée ou indépendante. Mais son montant dépend également de la composition du foyer et des autres revenus du ménage.

L’une des difficultés qui se pose pour l’exécutif avec la prime d’activité est qu’elle décroît avec les revenus. Plus un salarié gagne, plus le montant de la prime diminue, et ce, jusqu’à être totalement supprimée. Elle disparaît, par exemple, à partir d’1,5 Smic pour un célibataire sans enfant. Dès lors, le gouvernement devra veiller, en fonction des modalités techniques retenues pour son coup de pouce, à ne pas pénaliser les ménages qui perçoivent la prime d’activité.

Hausse de salaire

Pour vous aider à comprendre ce qu’une hausse de salaire (+5% dans nos exemples) peut entraîner comme conséquence sur le montant de la prime d’activité, Capital a utilisé le simulateur de la Caisse d’allocations familiales (Caf). Trois profils ont été testés : un célibataire sans enfant, un couple sans enfant et un couple avec deux enfants. Chacun de ces profils ne perçoit que des revenus salariaux, et donc pas de revenus annexes (dividendes, revenus fonciers…), d’allocations logement ou d’autres prestations sociales.

Profil 1 : célibataire, sans enfant

Profil 2 : couple, sans enfant

Profil 3 : couple avec deux enfants

Comme vous pouvez le constater, un célibataire payé 1.747 euros net qui bénéficie d’une augmentation de salaire de 5% (+88 euros) ne verra ses revenus augmenter que de 54 euros puisque, dans le même temps, sa prime d’activité sera réduite de 34 euros. Pour un couple sans enfant avec 3.000 euros de revenus net, l’augmentation de salaire (+150 euros) se soldera par une hausse globale de 94 euros, la prime d’activité qui lui est versée diminuant dans le même temps de 56 euros.

Plus parlant encore : le gain “net” pour un couple avec deux enfants, cumulant 3.494 euros de salaires nets, verra ses ressources globales augmenter de… 27 euros, alors même qu’il aura bénéficié d’une hausse de salaire de 175 euros. Par le jeu de la dégressivité de la prime d’activité, notre dernier exemple ne conservera ainsi que 15% de son augmentation.

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